La rénovation énergétique sous tension

L’obligation d’effectuer un audit énergétique en cas de vente d’une maison ou d’un logement a été de nouveau reporté.

Jamais deux sans trois…

L’obligation d’effectuer un audit énergétique en cas de vente d’une maison ou d’un logement a été de nouveau reporté. Sous réserve d’une nouvelle décision qui en décalerait encore l’application, elle sera effective au 1eravril 2023 après avoir été fixée au 1er janvier 2022, dans un premier temps, puis repoussée au 1er septembre 2022. Olivier Klein, ministre du logement, a justifié cette décision par le nombre insuffisant de professionnels qualifiés pour réaliser ces audits. Et toujours selon lui, elle ne saurait remettre en cause l’interdiction des logements classés G, F et E programmée à partir de 2025, conformément à la loi Climat et résilience du 24 août 2021.

Pour certains diagnostiqueurs, ce point de vue est difficilement soutenable. Jugeant que le nombre de passoires thermiques est sous-estimé, ils pensent que la réalisation des audits énergétiques prendra du retard et que décaler leur obligation porte préjudice aux objectifs de transition énergétique. A l’inverse, d’autres acteurs du secteur se félicitent de cette décision tout en pointant la responsabilité de l’Etat. Ils estiment que les outils nécessaires à la réalisation des audits n’étaient pas disponibles et que les documents n’ont pas été envoyés dans des délais pouvant permettre leur réalisation.

Logements classés F et G, l’Ile-de-France en mauvaise position

Cette décision est à mettre en regard de la situation du parc immobilier à Paris et en Ile-de-France. Une étude publiée conjointement par l’INSEE et l’Institut Paris Région ne manque pas d’alerter, voire d’inquiéter. Sans travaux de rénovation énergétique, près d’un logement sur deux situé en Ile-de-France pourrait être interdit de location, soit 745 000 logements. Rappelons que dès le 1er janvier 2023 ce sera le cas pour les logements classés G particulièrement énergivores, puis en 2025 pour tous les G, les F en 2028, enfin les E en 2034. Dans le détail les chiffres sont encore plus éloquents. A Paris, deux-tiers des logements du secteur privatif sont classés G, F ou E, soit près de 265 000 logements.

Ces résultats s’expliquent pour plusieurs raisons. La première réglementation thermique a été mise en œuvre en 1974. Les logements étaient construits sans contraintes et étaient constitués souvent de petites surfaces plus énergivores. Soulignons aussi que le parc locatif privé est plus ancien que le parc social, et donc plus exposé aux potentielles interdictions.

Un dernier chiffre de l’étude met en évidence l’ampleur du problème. 15% des logements d’Ile-de-France répondent aux étiquettes G, F et E. Ce qui correspond à 15 ans de construction.