L’installation des bornes de recharges

L’installation rapide de bornes de recharge électrique est une condition sine qua none au développement de la voiture électrique, en prévision de la fin de la vente des voitures thermiques en 2035. Le cap des 100 000 bornes sur l’ensemble du territoire a été franchi. Côté copropriétés, si les emplacements de recharge ont été multipliés par trois en deux ans, ils représentent seulement 0,3 % des places de parkings collectifs privés.

Le « droit à la prise » existe depuis 2011 et évolue régulièrement à travers les différentes interventions du législateur. Il permet à tout résident de faire installer, à ses frais, une borne de recharge pour véhicule électrique sur son emplacement de stationnement.

L’occupant doit respecter un certain nombre de critères et la copropriété peut s’y opposer pour motif légitime et sérieux ou si elle entend installer une infrastructure collective.

Un objectif : plusieurs solutions « techniques »

Si le droit à la prise est clairement encadré, les solutions techniques permettant de disposer d’une borne de recharge sur son emplacement de stationnement sont nombreuses mais toutes ne sont pas sécurisées pour la copropriété ! Les 3 principales solutions sont les suivantes :

Le raccordement sur le tableau électrique des parties communes

L’occupant, après avoir notifié au syndic son intention de mettre en œuvre son droit à la prise, accompagné d’un descriptif technique des travaux envisagés, raccorde sa borne de recharge sur le tableau électrique des parties communes et met en place un sous compteur permettant au syndic de repartir le coût de l’électricité entre les consommations des parties communes et les consommations individuelles.

A NOTER : Si cette solution permet à l’occupant d’obtenir rapidement une borne de recharge, dès lors que l’immeuble ne dispose pas d’une infrastructure dédiée, elle comporte de nombreux inconvénients et notamment :

  • Il n’y a aucun contrôle possible du syndic ou de la copropriété sur la conformité de l’installation et les qualifications de l’installateur
  • Elle ne prend pas en compte le dimensionnement de l’installation électrique existante qui n’est pas nécessairement adaptée à ces nouveaux usages (ainsi seuls les premiers demandeurs pourront être raccordés faute de puissance suffisante) ;
  • Le coût de l’abonnement, notamment relatif à l’augmentation de la puissance, reste à la charge de la copropriété et est réparti selon les charges communes ;
  • La répartition individuelle n’est effectuée qu’une fois par an, lors de l’approbation des comptes de la copropriété, obligeant l’ensemble des copropriétaires à avancer le coût de la dépense totale et créant un décalage entre le moment où l’occupant consomme et le moment où les charges lui sont affecté notamment lorsque le bien est en location.

Le recours à un « opérateur de recharge »

C’est aujourd’hui la solution la plus répandue : après décision de l’Assemblée Générale et contractualisation des conventions, une infrastructure collective, dédiée à la recharge pour véhicule électrique, est créée par un ”opérateur de recharge”.  L’infrastructure dispose de son propre compteur électrique dont le contrat de fourniture d’électricité est pris en charge par l’opérateur de recharge.

L’occupant se rapproche de l’opérateur de recharge pour obtenir un raccordement et une borne de recharge à ses frais exclusifs ; il paie sa consommation d’énergie mensuelle auprès de ce dernier.

A NOTER : Plusieurs fonctionnements existent permettant notamment à la copropriété, lorsqu’il s’agit de parkings en sous/sol, de ne débourser aucun frais lors de l’installation de l’infrastructure, seul l’occupant souhaitant une borne est amené à payer un droit de connexion.

De même, la copropriété n’est pas titulaire du contrat d’énergie, elle ne fait donc l’avance d’aucun frais. Pour l’occupant, c’est simple : il dispose d’un interlocuteur unique (l’opérateur de recharge) qui installe la borne et facture les consommations d’énergie.

La création d’une nouvelle colonne électrique par le gestionnaire du réseau (Enedis)

Cette troisième solution est aujourd’hui peu déployée compte tenu de son coût.

Cependant, les avancées en matière de solution de financement poussées par le législateur risquent fortement de faire revenir cette solution sur le devant de la scène.

En pratique : Enedis reçoit la délégation de l’extension du réseau électrique puis assure le préfinancement, l’entretien et l’installation des compteurs individuels, sans que la copropriété ait à payer quoi que ce soit. Le reste à charge pour un particulier qui souhaite être raccordé est alors compris entre 400 et 2 000 euros,comme le stipule un arrêté du 2 juin dernier. La nouvelle colonne appartenant au gestionnaire du réseau, c’est lui qui en assure l’entretien et qui en est responsable !

A noter : L’occupant peut choisir son propre fournisseur d’énergie et faire appel à l’électricien de son choix pour installer sa borne ! Comme pour son logement, il décide de tout, sans avoir à passer par un équipement collectif de la copropriété !

L’individualisation des coûts a permis de lever de nombreux freins quant à l’installation de bornes de recharge. Pour ceux qui franchissent le pas, c’est un moyen de valoriser leur patrimoine en anticipant de quelques années un monde où la voiture électrique représentera la majorité des ventes.